Ecouter de la musique en s’endormant : une pratique à risque

Réalisée en partenariat avec Agir pour l’audition dans le cadre de la Journée nationale de l’audition, une étude menée en 2015-2016 dans trois universités parisiennes montre que 70,5 % des 1618 étudiants de 17 à 28 ans interrogés ont déjà ressenti des acouphènes. 5 % d’entre eux ressentent même une gêne de la compréhension de la parole dans un environnement bruyant.
L’étude est basée sur le test des Trois chiffres (autotest d’évaluation de l’intelligibilité de la parole dans le bruit) et sur un questionnaire de 19 QCM sur les habitudes d’écoute.
En corrélant les réponses, les auteurs de l’étude montrent que les pratiques d’écoute de la musique auraient bien un impact sur l’audition, et en particulier que les jeunes qui s’endorment « souvent » ou « toujours » avec un casque sur les oreilles auraient 3,6 fois plus de risques de présenter des troubles auditifs.

Imprudence
Autre enseignement de l’étude : les étudiants ne prennent pas suffisamment de précautions dans leurs pratiques d’écoute de la musique – ce qui amène les auteurs de l’étude à insister sur le besoin de campagnes de prévention et sur la nécessité d’imposer une réglementation plus stricte en matière de protection auditive, ainsi que la distribution systématique de bouchons d’oreille dans les boîtes de nuit et salles de concert. En effet, expliquent-ils, 90,3 % des étudiants interrogés n’utilisent pas de bouchons d’oreille, alors qu’ils sont 66 % à aller en boîtes de nuit ou en concert. Or, les acouphènes sont moins fréquents chez les jeunes utilisant des bouchons d’oreille que chez les autres.
De même, l’étude révèle que 46,7 % des jeunes interrogés écoutent leur baladeur entre 1 et 3 heures par jour et que 17,9 % vivent dans le silence moins de 30 minutes par jour. Cette absence de « pauses régulières au calme » accroîtrait également le risque d’acouphènes.
Les auteurs de l’étude estiment également qu’il faudrait limiter le volume maximal des baladeurs à 85 dB au lieu des 100 dB actuels.

Presbyacousie précoce
Des examens auditifs plus précis étant nécessaires pour confirmer et préciser ces différents résultats, les auteurs proposent de créer une cohorte de jeunes pouvant être testés à nouveau dans une dizaine d’années. « Cela nous permettrait, explique Peggy Gatignol, de déterminer si une presbyacousie précoce apparaît, et si oui, en fonction de quels types d’habitudes d’écoute de la musique ».
Cette étude, dirigée par Rachel Dutordoir (orthophoniste libérale), Peggy Gatignol (DUEFO) et Christian Reigner (SIUMPPS) a été présentée dans le cadre des Entretiens de Bichat en septembre dernier.

 

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